les fleurs du bord de route
Les fleurs du bord de route.
Au cours de mes érrances routières, je n’ai jamais vu les personnes à qui nous devons ces fleurs ; Je n’ai jamais surpris une silhouette penchée sur sa composition.Je ne l’aurais pas photographié. Mais, elle m’aurait certainement aidé à saisir qui sont ces gens qui s’approprient ainsi l’esapce public pour y faire pousser anonymement un espace d’intimité.
Alors, je les imagine, tous différents, comme le sont leur bouquet.Prenant le temps de choisir, de créer, de regarder encore un peu, de se receuillir au rythme des voitures qui défilent, agitant l’air qui fera vibrer les pétales. Choisir ce lieu comme si, nous étions plus proches de nos êtres manquants quand nous nous trouvons sur le lieu du départ précipité ;
Je n’ai jamais vu les « restants » deposer les fleurs pour les absents.
Ces mausolées sont d’étranges composites : instinctifs, proches d’un art brut, d’un art populaire. Une sorte de lieu de liberté où s’exprime la souffrance du manque, d’un mort qu’on ne veut pas trop vite oublier, trop vite cacher. Alors que peu s’habillent religieusement de noir afin de mettre en avant leur fragilité, surgit au détour des virages une culture du deuil.
Nos paysages sont ponctués de bout de mémoire, de déclaration d’amour, d’intimité.
Anne Delrez
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