Carole Douillard est plasticienne, ses recherches s’ancrent profondément dans l’action et la performance. Elle vit à Nantes et présente pour la première fois son travail à Metz et dans la région.
Pour l’exposition Pulsing, elle propose un ensemble de dessins qui se « répandent » sur les murs de la galerie. Les Dessins Electro-pulsifs*, qui s’apparentent à des dessins automatiques, rendent compte de la pensée en cours de l’artiste à un instant T : celui-là même de la formulation de l’image à l’esprit. Il s’agit donc pour le public de faire face a un déployé mental, une forme psychique in situ qui s’articule avec le lieu dans lequel elle est réalisée.
* série du Mas d’Azil, Ariège, septembre 2007.
« Carole Douillard est une sentinelle à l’affût, habile à prendre le réel en affection, un réel résolument bruissant et stimulant. D’où sa pratique assidue de la performance, comme moyen de se frotter continûment au vivant, et de performer pour faire mieux, en temps réel.
(…) Elle s’ingénie à mettre en scène l’invisible ; comme des systèmes d’opposition que le langage produit, un langage qui exclut, rejète, maltraite, ou inclut, aime et rapproche. Les mots, avant l’espace, délimitent et séparent les êtres, Carole Douillard écrivit ainsi, en 2006, l’insulte « Racaille » en police Putain, au Lieu Unique, à Nantes.
Soucieuse des distinctions génériques, elle explore aussi d’autres dialectiques, comme celle du masculin et du féminin, de la surface et de la profondeur, du soi et de l’autre. Dans le cadre des Nuits blanches, à Paris, elle s’est assoupie dans un lieu public ; une galerie d’art. La performance, A Sleep, mettait en scène dans un lieu ouvert aux spectateurs le corps échoué de l'artiste, son geste intime et privé du sommeil, révélant du même coup l’opposition, criante à Paris, entre les actifs, qui vivent debout, et les sans abris, qui sont à terre.
Carole Douillard, qui cultive toujours la pratique intime du dessin, explore le lien entre exposition et spectacle, entre socle et scène ; elle investit, avec sa singularité de plasticienne, l’espace scénique, qu’il soit théâtral ou musical. Le 27 octobre 2006, elle ouvrait le concert des ex Little Rabbits + Philippe Katerine, chantant a capella, dos à un public de 1500 personnes, dans une performance intitulée Rock'n Roll Suicide, qui s’apparente ici à, dans tous les sens du terme, une cérémonie d’ouverture".
Murielle Durand-G, in «303, Né à Nantes, comme tout le monde », numéro hors-série N°96, été 2007
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