Nicolas Lelièvre

Nicolas Lelièvre se propose de mettre en jeu la question du paysage comme construction purement culturelle. Un papier peint recouvre les murs de la galerie en rejouant grossièrement les codes de la cartographie tandis qu’un bref récit tente de traduire le vertige de la mise en scène permanente à laquelle l’œil se livre lorsqu’il « voit un paysage ». Le paysage n’est pas « naturel » mais construit par le regard tel qu’il est socialement et historiquement constitué. A la fois leurre et force de transformation du monde, le regard agit comme un réflexe de dissimulation du réel et qui, par là même permet de s’y projeter et de le modeler entièrement sur un mode longuement élaboré par l’histoire des représentations. L’installation compose une sorte de fiction qui exagère délibérément ces mécanismes intuitifs et pourtant fabriqués.

« La nature, vers laquelle nous jetions des regards admiratifs et quasi religieux, n’était en somme que le concours en un point des projets qui avaient traversé l’histoire, œuvres qui se soutenaient les unes les autres jusqu’à former cet ensemble cohérent dans sa diversité et prêtaient au spectacle l’évidence d’une nature. (…) Car il existe bien un savoir non su, ce que nous ne savons pas savoir de ce que nous savons. »
Anne Cauquelin, L’invention du paysage, P.U.F, 2000