Visage visage
Les étudiant·es de l’ESAL site de Metz
14 avril
22 avril 2023
Illustratrice et dessinatrice, Saehan Parc est née en 1989 à Bucheon (Corée du Sud). Elle vit et travaille actuellement à Strasbourg après avoir suivi un cursus d’illustration à la Haute école du Rhin. Son travail se caractérise par des illustrations géométriques naïves. Son album Papa Ballon (éditions 2024) est représentatif de cette ligne aux couleurs fraîches et radiantes.
Saehan Parc présente pour cette exposition une série de peintures réalisées lors de sa résidence à l’Oasis à Uzerche durant l’été 2022. Elle y a développé un travail sur la représentation de la figure humaine, un sujet abondamment traité dans l’histoire des arts. Ces portraits qui nous regardent fonctionnent comme une fenêtre ouverte sur l’autre, comme un miroir intérieur. Et si la touche du pinceau révélait la personnalité des visages ainsi peints ?
Galerie
Des formes de
l’anti-spectaculaire
Les étudiant·es de la HEAR Mulhouse
12 mai
03 juin 2023
Ensemble, iels sont descendu·es dans les rues de Mulhouse, pour capter les postures fugaces des passants à la chambre argentique et à main levée. Détails, accidents et micro-événements du quotidien ont été figés grâce à cette posture performative, sans regarder dans le viseur ni vérifier la mise au point.
À contre-courant de l’utilisation standard de la chambre grand format, dans une démarche prolifique et presque à l’aveugle, iels ont adopté des qualités d’attention et d’anticipation inspirées des pratiques du pistage. Des 200 plans films produits sur trois jours, ils en ont extrait des fragments en plongeant minutieusement leur regard dans l’image négative et en prélevant ces formes de l’anti-spectaculaire par le recadrage.
Cette exposition à la galerie Octave Cowbell regroupe ainsi cette série d’images dynamiques aux cadrages serrés, inspirée de la série Strassenbilder de Lukas Hoffmann, dont un extrait est présenté ici à leurs côtés.
Galerie
Poétique du milieu
Donald Abad
17 février 23 mars
24 mars 8 avril 2023
Elle travaille actuellement au Centre Pompidou-Metz et consacre son prochain ouvrage (à paraître aux Presses du réel) aux malentendus qui entourent les œuvres regardées « entre arts et sciences ». Son postulat de départ est le suivant : les artistes qui se consacrent aujourd’hui à cet élan participent en fait d’une esthétique du milieu pour deux raisons. La première parce qu’ils et elles se placent sur un point d’équilibre ténu, une ligne de crête au centre des idées, des machines, des données scientifiques d’un côté ; des concepts, des savoir-faire et des médiums artistiques de l’autre. La seconde parce qu’ils et elles interrogent directement, au sens géographique, écologique, chimique, physique ou géophysique le milieu dans lequel nous vivons. L’amorce de son travail sur l’« Esthétique du milieu » est née d’une collaboration en cours avec la Galerie Octave Cowbell qui elle-même réfléchit la question des liens entre les arts et les sciences au fil des nombreuses expositions programmées dans ses murs et au gré des divers artistes qu’elle a soutenu·es, encouragé·es et exposé·es.
De cette collaboration d’abord théorique est née l’invitation faite à Donald Abad, artiste plasticien dont la meilleure définition de sa pratique se résume en cette association linguistique quasiment anachronique : néo-romantique multimédia. N’hésitant pas à afficher comme devise « Se perdre pour gagner, ce serait bien une défaite », Donald Abad se perd lui aussi à déconstruire ses fantasmes, à partir à l’aventure pour se confronter aux milieux réels et sociaux pour défaire les projections et en arriver à affirmer sans relâche que la poésie se créer au fil des obstacles. Le premier volet de cette exposition présente un film réalisé par l’artiste il y a plusieurs années. Ce film est projeté dans la Galerie comme un geste aux allures de manifeste. Il documente la tentative imaginée par Donald Abad de visiter le Roden Crater habité par les expérimentations de James Turell. Le Roden Crater est un site protégé dans le désert américain mais surtout un monument de l’histoire de l’art contemporain autant qu’il relève de l’accomplissement du Graal pour une génération d’artistes qui s’intéressent aux liens entre la nature et les phénomènes qu’elle engendre et qui passionnent autant les scientifiques que les artistes qui tentent de s’en saisir. Beaucoup rêvent de voir le Roden Crater et de l’approcher, c’est comme un rêve d’enfant dans les yeux de l’artiste : c’est comme rencontrer le Père Noël, admirer le Machu Pichu au soleil couchant ou traverser la muraille de Chine. C’est observer une cathédrale ou un mausolée. Pour un artiste qui ne produit ni objets ni traces, ni sculptures ni peintures, c’est se confronter à une œuvre gigantesque, tangible, présente pour l’éternité, visible depuis le ciel et inscrite dans l’histoire des hommes autant que gravée dans l’histoire de l’art.
Arpentant les environs, ce désir de confrontation se transforme vite en une série d’obstacles à surmonter et la seule solution qui se dessine pour le voir (et donc pour le rencontrer) devient celle d’accrocher une caméra à un cerf-volant. Il n’existe pas encore à l’époque de drones ou de gopro aussi perfectionnés qu’aujourd’hui et cet objet qui d’habitude permet de jouer avec les éléments aériens se mue en œil augmenté. Si je ne peux pas voir, l’œil artificiel ira pour moi. Tout à coup les distances, les limites, le territoire, s’invitent dans ce pas de deux entre l’artiste et le mythe. Le milieu s’en mêle. Il faut réagir, s’adapter, faire preuve d’imagination.
Finalement Donald Abad s’est confronté à des échecs multiples mais il en ressort une déclaration magnifique : vouloir posséder un mythe et investir un milieu revient à se confronter au réel et sans doute à soi-même avec pour seule issue possible la poésie.
Quelques jours après la présentation de son film I did not own the Roden Crater à la Galerie Octave Cowbell, Donald Abad est parti au Canada voir la neige, rencontrer celles et ceux qui vivent avec, la peignent, la pensent. Pourtant en opposition naturelle avec le Roden Crater qui se trouve en plein désert américain, les grandes étendues de neige canadiennes deviennent pour lui un écran de projection semblable et le lieu d’un dialogue artistique : il confronte les fantasmes de celui qui vit loin du milieu aux réalités de celles et ceux qui le côtoient avec dans son bagage une série de questions aux allures d’apories : c’est quoi l’image de la neige ?
Le second volet de l’exposition « Poétique du milieu » prend volontairement des airs de restitution d’une pensée en rhizome et d’une collecte d’objets ainsi que d’images multiples : à la bibliothèque municipale de Chicoutimi, l’artiste a recensé et photographié 84 couvertures de romans francophones comportant le mot « neige » dans leur titre et il a retrouvé les archives d’une conférence que donnait Michel Pastoureau sur « Le Canada et l’impressionnisme » au Musée de l’Hermitage de Lausanne à l’occasion de laquelle les références au blanc était multiples. Elles sont désormais remplacées par la neige. Au gré de ses pérégrinations, il a rencontré un peintre de paysage néo-impressionniste, un chercheur universitaire spécialiste du givre, un conducteur de Zamboni, un moniteur de ski de fond. Il a collecté les poussières de fart dans un aspirateur, des moules, des outils, des contenants comme autant de tentatives échouées de collecter la neige mais qui, bout à bout, semblent nous dire quelque chose.
Si, la culture visuelle du monde occidental est pétrie d’images romantiques venues de l’histoire de la représentation, il y règne une certaine idée de la nature où la neige est un paysage, une matière, une couleur. Mais dans les faits, la neige disparaît pour devenir résiduelle, indicielle. Il n’y a que la peinture pour la croire éternelle. Encore une fois, Donald Abad s’est confronté au milieu pour faire s’entrechoquer les projections, les points de vue et multiplier les tentatives poétiques pour continuer à faire exister ce qui disparaît.
Commissaire d’exposition : Elsa De Smet
Galerie
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