Gris et bleu
Nicolas Muller
25 octobre
21 décembre 2024
Minimale aussi, cette image-paysage en bichromie sectionnée au tiers. Pourtant elle résiste et offre sa complexité à la patience, des tensions nouvelles et des évidences fissurées. Avec le temps, la surface de modernité s’altère de coulures ou d’éraflures et nous piège dans le conflit de l’impossible, entre le désir ardent de la perfection, cette vanité et l’acceptation de l’impermanence, de la nécessité de l’altération.
Et le bleu, ce bleu gris changeant, gommé de nuages, comme strié d’éclairs parfois dense et saturé de gouttes glacées qui balafrent l’horizon jusqu’à rendre aveugle l’empire. La victoire des résistances.
Nicolas Muller situe sa bataille dans l’angle mort d’un monde sous contrôle et pratique un dessin de lutte discrète qui à force de répétition, de gestes méthodiques laisse surgir de nouveaux possibles et alternatives. Comme le personnage de Winston dans le roman 1984 de George Orwell, il cultive le manque de rigueur, élève l’accumulation d’erreurs en principes pour ainsi de l’ordre faire naitre le sensible ; une double écriture pour célébrer l’intuition et l’espace vital, qui nait aux interstices.
Gris et Bleu est une synthèse poétique de la ville, l’espace urbain la page de la rature, le visage de l’absence un espace de liberté. Avec une esthétique dépouillée l’artiste propose des œuvres tantôt murales et protocolaires, évolutives et spatialisées, ou de grands formats qui par une discipline précaire et l’épuisement d’un geste célèbrent l’avènement de la forme et un souffle d’humanité.
L'exposition Gris Bleu de l’artiste Nicolas Muller incarne la tension entre minimalisme et expressivité foisonnante en proposant des formes guidées par une économie de moyens et jouant avec l'espace ou les surfaces.
Au centre, l'installation participative et évolutive Public est composée de plusieurs dizaines de tabourets accidentés et se présente comme le trait d’union entre les différentes œuvres. Ces tabourets, manipulables et déplaçables, proposent aux visiteurs de devenir acteurs d'une instabilité, les invitant à redoubler de vigilance et à chercher un point d'équilibre.
Aux murs, des cercles noirs partiellement éclipsés dialoguent avec un entrelacs de lignes grises qui tracent des paysages au graphite. Règle blanche procède de la méthode, du protocole mural et suggère l'impermanence entre dévoilement et recouvrement.
Les dessins de grands formats Erased croissent sous les gestes répétitifs et linéaires des lignes qui se jouent du cadre et révèlent l'écart entre la norme et l'intuition. Gommées et malmenées ces lignes se troublent, se rencontrent dans un même champ lexical jusqu’à se confondre.
Dans un registre similaire et cette tentation d'une épure du trait À force révèle par frottage et en filigrane des cercles fragiles aux contours flous qui contrastent avec la vigueur et l’aspect chaotique des traits exécutés au stylo bleu sur d'immenses rouleaux de papier.
Avec Caisse ce sont les pelures de gommes laissées sur le papier qui brisent le rythme linéaire du dessin et créent l’empreinte d’un langage nouveau où l’équilibre et l’uniformité du motif initial se rompent au profit d’un débordement aléatoire qui se répand dans l’espace du papier autant que dans l'espace d’exposition pensé lui aussi comme un grand dessin.
Galerie
© Ludmilla Cerveny
© Florian Mallaisé
De gestes et de paroles
Christelle Enault & Claire Hannicq
20 juin
22 septembre 2024
Depuis des millénaires des archères et leurs enfants sèment des graines d'héritages et de savoirs en devenir perpétuel. Leurs gestes et leurs paroles soignent et réconfortent les êtres qui les accueillent dans une oraison d’histoires. Des enseignements transmis par la germination de pratiques vernaculaires patientes et attentives.
Christelle Enault et Claire Hannicq sont de ces semeuses, des gardiennes dressant leurs arcs et soufflant de tous leurs corps des pluies de graines qui ensemencent la terre. Aux sons des voix qui chantent le langage des plantes, s'entrelacent les racines humaines et végétales dans une quête de soi et de soin.
Les artistes se rejoignent et se recueillent à la lisière des mondes, là où la rivière berce les ombelles, où la terre abrite la vie en dormance. En s’inspirant des lignes naturelles du monde végétal, elles cultivent une attention aux formes du vivant. Leurs gestes ancestraux racontent à partir de matières organiques et séminales nos histoires et façonnent des passerelles d’amour et de vie, des prières méditatives et sensibles.
L’exposition est une invitation à ressentir dans notre corps une symphonie de formes et de mouvements, à se baigner dans la sève et le suc, à sautiller entre les saisons et à parlementer. Apprendre des mondes qui nous entourent et des êtres qui les peuplent c’est se nourrir les uns les autres sans se dévorer, sans ôter la vie du lendemain.
Les œuvres présentées témoignent de la pratique de l’entraide pour garantir une alliance des corps et la conscience des autres. Chaque proposition active tour à tour le soleil, la terre, la fibre végétale et invite à entrer dans une danse païenne et médicatrice.
Galerie
© Claire Hannicq
© Hugo Monbiard
La Tempête des Échos
Avec les artistes Cécile Beau, Yann Bagot, Astrid de la Chapelle, Kim Détraux & Carolina Fonseca, Jingfang Hao & Lingjie Wang, Sarah Nance, Anaïs Tondeur, Matthias Ruthenberg & Yang Semine
25 janvier
27 avril 2024
Pas un jour au monde sans que ne surgisse des forces élémentaires qui transforment la vie en profondeur. Entre le ciel et la terre dansent les dragons immémoriaux et indomptables laissant penser à une force vitale et nécessaire à l’équilibre. Notre maison est le fin filet respirable d’une « zone critique ». Sur son seuil, nous ressentons les effets puissants de ces bouleversements aussi fascinants que tragiques. Les échos et les conséquences parfois colossaux de ces manifestations nous invitent à prendre la mesure de notre existence à l'échelle du temps et à chercher humblement des modes d'emploi afin de (re)trouver des systèmes d'alliance avec le vivant et le cosmos.
L’exposition réunit des artistes qui par leurs pratiques élaborent des techniques et des appareillages leur permettant d’enregistrer, de catalyser, de traduire l’expression des éléments afin de produire des formes spéculatives et sensibles. À la manière de sismographes singuliers, les artistes se font l’écho de la manière dont nous sommes traversés par des phénomènes souvent invisibles. Montée des eaux, radioactivité, calcification, cristallisation, gravité, fermentation,... sont autant de clés pour appréhender un monde mouvant et témoigner d’une poïétique élémentaire qui chante la beauté fragile des strates des temps fossiles.
Galerie
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