Ce qui pousse sur la baleine, demeure
Vincent Chevillon27 juin
21 septembre 2025
«Aotearoā, terre résiduelle du huitième continent, Zealendia. Entre la terre et le ciel s’élèvent deux géants, Kauri, dernier arbre immémorial de Nouvelle-Zélande et Tohorā, sa sœur, la baleine. Tohorā a choisi de voir le monde, portée par le désir de l’océan et Kauri de veiller sur terre. Le jour de leur séparation, ils ont échangé leurs peaux et se sont fait des présents. Depuis, ces sages héritiers veillent, se regardent et s’attendent.
Pour les Māoris, les baleines sont considérées comme l’origine du monde, gardiennes de la terre et des océans. L’histoire raconte qu’elles viendraient s’échouer sur les rivages pour porter un message, elles s’adresseraient aux humains pour les enjoindre à prendre soin du vivant à l’aube de son extinction. Aujourd’hui encore, les récits se mêlent à la réalité et ce sont des larmes qui régulièrement se déversent sur les côtes.
Vincent Chevillon a suivi le sillage des baleines dans un voyage de sept mois, depuis les réserves du Musée d’Histoire Naturelle de Strasbourg jusqu’aux confins de Cap Reinga sur la pointe de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, ce lieu mythique depuis lequel les âmes retournent vers la terre ancestrale Māori.
Vincent Chevillon tire les fils d’histoires multiples et reconstitue une carte-monde faite de liens inter-espèces. Par un travail d’enquête et une heuristique décoloniale, il remonte la piste des échouages pour découvrir les relations qui se jouent entre humains et cétacés, où sciences et récits s’entrelacent pour passer d’un monde à l’autre.»
Galerie
©Toscane Dentiti
© Toscane Dentiti
Mirages
Sarah Nance24 janvier
05 avril 2025
Et si les mirages étaient le seuil du dévoilement des liens entre la matière et la vie, la révélation de cycles infimes et l’apparition sensible des phénomènes élémentaires à l’œuvre sur Terre ? Sarah Nance situe sa pratique dans cet espace autre, fictionnel et pourtant tangible qui reconfigure nos relations aux grands aléas du temps et de la nature. Plus qu’une alerte, les atours que l’artiste revêt dans ses œuvres activent la nécessité de sans cesse renouveler les récits de nos existences fragiles.
L’exposition Mirages de l’artiste américaine Sarah Nance nous invite à nous immerger dans une constellation d’œuvres délicates, spatiales et entrelacées. Ces œuvres tissées ou codées proposent une exploration sensible et fictionnelle d’un monde façonné par des phénomènes naturels puissants en jouant avec nos perceptions. Sarah Nance tente de capter les manières dont le passé est inscrit en creux dans le présent. Pour cela, l’artiste collecte des données en provenance de la NASA, de cartes géographiques, de marégraphes ou encore de relevés sismiques, à partir desquelles elle élabore ses œuvres.
C’est aussi à partir d’expériences de terrain que l’artiste vient éprouver les micro-perturbations des équilibres de la Terre. Elle est allée à la rencontre de milieux spécifiques dans les régions de l'Oregon, en Islande, dans l'Est du Canada et du Midwest. Originaire de l’Iowa aux États-Unis, Sarah Nance s’est spécialisée dans l’étude des fibres et des matières textiles. Elle est actuellement professeure adjointe d'art interdisciplinaire au Harpur College of Arts and Sciences de SUNY - Binghamton à New York et codirige, depuis 2021, le groupe de recherche interdisciplinaire «Propositions pour une Terre en expansion» qui a mis en relation des chercheurs des sciences de la Terre/planétaire, de l'art et de l'informatique créative.
Cette double trajectoire lui permet d’élaborer des scénarios sensibles et spéculatifs qui se déploient comme une explosion d’atomes en expansion dans l’espace d’exposition. Dans ses installations l’artiste mêle sculptures de fibres tissées, dessins de graphites et performances vocales. Un jeu de strates et de surfaces qui traduit en expériences des enregistrements complexes du temps profond dans le paysage géo-anthropique.
Galerie
© Sarah Nance
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