Les Rencontres d'Octave Cowbell avec l'artiste Anaïs Tondeur et la psychanalyste Paola Casagrande
La galerie Octave Cowbell accueille dans ses murs l’exposition Tchernobyl Herbarium de l’artiste Anaïs Tondeur. Tchernobyl Herbarium se présente comme un « herbier s’épaississant chaque année d’un nouveau fragment textuel et rayographique, créé par l’empreinte directe de spécimens végétaux radioactifs sur feuilles photosensibles » Anaïs Tondeur.
Cette artiste a publié avec le philosophe Michael Marder Tchernobyl Herbarium, fragments d'une conscience en éclats aux éditions Mimésis, 2021. « L’objet nucléaire ne disparaît pas, refusant de devenir le passé il pèse lourdement sur le présent qu’il arrache à l’ordre du temps », ainsi s’exprime Michael Marder dans l’ouvrage. Est-ce à dire qu’Anaïs Tondeur s’est attelée à une œuvre infinie ?
Le terme d’« exposition » révèle dans l’œuvre d’Anaïs Tondeur des sens multiples : « Donner à voir », dans son sens le plus commun ; mais aussi « Donner à voir des œuvres exposées aux radiations » ; ou encore « Donner à voir par le biais de l’exposition du corps de l’artiste » : un corps qui par sa déambulation et sa respiration recueille la matière nécessaire à un art photographique singulier. C’est bien de cela dont nous fûmes témoins à Metz en 2019 avec Noir de carbone, un travail qui lui valut cette même année le « Prix Ars Electronica ». Anthropologues, physiciens, géologues, chimistes, océanographes et philosophes sont convoqués dans la majorité de ses projets artistiques. Noir de carbone a été conçu au Centre Commun de Recherche (CCR) de la Commission européenne avec deux physiciens de l’atmosphère : Jean-Philippe Putaud et Rita Van Dingenen. Lors de la rencontre du 9 mars nous reviendrons sur la première exposition à Metz rue des Parmentiers qui s’était poursuivie par un long entretien (à retrouver dans l’édition Cocosmos).
La galerie Octave Cowbell désire donner la parole aux artistes et notamment à cette grande artiste-chercheuse qui relie Art et Sciences. En 2023, Anaïs Tondeur est devenue la troisième lauréate du « Prix Photographie et Sciences » pour « Fleurs de feux, le témoignage des cendres ». Sa série primée rend compte d’un compagnonnage auprès des végétaux qui parviennent à pousser dans les sols extrêmes de l'anthropocène à Naples.
Anaïs Tondeur et Michael Marder poursuivent aujourd’hui leur collaboration en se tournant vers les plantes rudérales qui évoluent dans un milieu modifié par l’activité ou la présence humaine. Le duo explore les « Terres de Feux », dans la région de Naples, où se trouve la plus grande décharge à ciel ouvert d’Europe.
Anaïs Tondeur nous dira comment elle parvient à relier les deux disciplines Art et Science. Si la première convoque le Sensible et l’Imaginaire, la seconde s’inscrit dans le Réel, la « catastrophe » dont l’exposition Tchernobyl Herbarium témoigne.
L’art, pas plus que la psychanalyse, ne fuit le monde. Mais c’est l’art qui lui fraie la voie. Et non l’inverse. C’est l’art qui permet de mettre le doigt sur cette mystérieuse opération que constitue la « sublimation » dont l’artiste détient le secret et que la psychanalyse s’essaie à comprendre. Lacan aimait à dire que face à l’abjection seuls l’amour et la beauté pouvaient nous apporter un « semblant » de consolation. Et c’est bien cela que peut aussi nous apporter l’art : une forme de consolation.
NFOS PRATIQUES /
Rencontre gratuite ~ pour adulte ~ le samedi 9 mars à 17h ~ RDV à la galerie Octave Cowbell ~ sur réservation uniquement dans la limite des places disponibles par mail : programmation@octavecowbell.fr
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